Très haut potentiel et autisme, une frontière floue
Des points communs, qui nous laissent parfois perplexes, se retrouvent dans les manifestations du très haut potentiel ou de l'autisme de haut niveau. Paul, autiste Asperger, nous livre quelques éclaircissements à travers son témoignage.
Plus le temps passe, plus les témoignages s’accumulent, plus certaines affirmations deviennent discutables et plus nos certitudes s’ébranlent.
Aujourd’hui je souhaiterais revenir sur un sujet qui m’interroge beaucoup, celui du lien éventuel entre certaines formes d’autisme (dites asperger ou de haut niveau) et certaines caractéristiques imputées au haut et plus particulièrement au très haut potentiel.
En effet, tout comme avec le TDAH, il y a des risques de confusion entre HPI et autisme sur certaines caractéristiques précises.
Sont plus particulièrement concernés les point suivants :
- intelligence forte, atypique avec intérêts pointus et spécifiques,
- hyper-maturité de l’enfant proche de celle de l’adulte,
- hyper-sensorialité et hypersensibilité,
- difficultés dans l’expression des émotions,
- acquisition du langage précoce, en particulier pour le syndrome d’Asperger.
L’observation fine du côté déficitaire ou restrictif (voire obsessionnel) de ces éléments, entrainant une forme de contrainte ou de ralentissement dans les actes de la vie courante et les interactions sociales, associé à une permanence dans le temps, permettrait de faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.
Mais l’analyse reste, à mon sens, assez subjective, et nécessite une compréhension poussée de l’environnement des enfants ou personnes concernés.
Peut-être encore qu’un certain niveau de QI entraînerait fatalement des attitudes et comportements dits “hors norme”, car nous ne serions, collectivement, pas en mesure de comprendre ce que vit intérieurement une personne qui perçoit un (trop) grand nombre d’informations et de l’accompagner.
Pour illustrer mon propos, je vous suggère d’écouter le témoignage suivant de Paul EL Kharrat, auteur du livre “Bienvenue dans mon monde”, recueilli par Fabrice Midal dans un dialogue fort instructif.
Si l’on se contentait de survoler la vidéo, sans prêter plus d’attention que cela aux aspects dérangeants qu’il évoque (listes, difficulté à entretenir une relation satisfaisante avec les autres, difficulté face aux émotions des autres…), les caractéristiques flagrantes qui émanent de sa personne pourraient fort bien s’apparenter à celles du haut potentiel (grande mémoire, aisance verbale, passion sans limite pour divers sujets).
Parmi les caractéristiques équivoques figure la relation aux autres. Il ne faudrait pas confondre, par exemple, un déficit de réciprocité émotionnelle, qui nécessitera des clefs de décodage et un travail sur les habiletés sociales, avec un désintérêt passager de l’enfant précoce pour les autres parce que ses préoccupations sont différentes.
Nous étions récemment questionnés sur ce sujet et j’avoue ne pouvoir donner de réponse ni d’avis tranché. Sur la distinction entre autisme et haut potentiel, j’ai émis avec toutes les réserves possibles, cette hypothèse : pour ma part j’ai l’impression que la différence se situe sur la capacité à être en relation avec les autres, et donc à s’en préoccuper avec l’intention de partager quelque chose. En cas de très haut potentiel, et je le constate avec mes enfants, les centres d’intérêts peuvent différer considérablement avec de ceux des enfants du même âge ; la relation peut en être négativement impactée et l’enfant peut avoir tendance à s’isoler, sans que l’autisme n’en soit à l’origine. Ma fille par exemple s’isole beaucoup en classe lors des récréations car elle estime n’avoir pas grand chose à dire, mais si vous lui proposez un jeu de société en groupe, quel que soit l’âge des participants, elle sera très à l’aise et participera activement. Le contexte compte énormément.
D’ailleurs, à l’écoute de l’exemple particulier de Paul, je doute encore plus de la pertinence de mettre un qualificatif sur sa façon d’être. Je me demande encore si, finalement, il n’est pas tout simplement un individu hyper performant intellectuellement et hyper conscient, de lui-même comme du monde qui l’entoure, et par conséquent obligé de vivre le mieux possible avec toutes les sensations et réalités qu’il perçoit malgré lui. Il explique parfaitement bien à quel point c’est épuisant et comment cela agit sur son mental.
Chaque fois que je sors il y a un truc qui va pas !
Peut-être que si différence il y a, celle-ci pourrait se mesurer par la somme des efforts que doit produire la personne pour se conformer et s’adapter en permanence à une norme et des codes dont la perception s’avère plus ou moins complexe pour elle ?
Peut-être encore que l’entrave principale formulée derrière les mots dans certaines formes d’autisme est la difficulté ressentie, vécue, à faire preuve d’une part de détachement face à des évènements incontournables et admettre un monde imparfait ?
En fait, qu’on parle d’autisme de haut niveau ou de très haut potentiel, le réel point commun semble être la difficulté de la société à intégrer favorablement les personnes concernées, sans qu’elles n’éprouvent de sentiment d’étrangeté ou de décalage. Non ?
J’aime bien la phrase de Fabrice Midal, qui dit :
Nous sommes tous des exceptions à une règle qui n’existe pas.
Vous vivez ou avez vécu à travers vos enfants ou votre entourage des doutes quant à leur façon d’être, haut potentiel, autisme plus ou moins visible ? Comment avez -vous réussi à faire la part des choses ou à composer avec ces caractéristiques ? Vos témoignages nous intéressent et aideront nos lecteurs à mieux comprendre leurs proches.
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Bonjour,
La frontière est plus que floue, je suis moi même psychologue spécialisée dans le trouble du spectre autistique mais également personne à haut potentiel. Et la frontière étant tellement fine chez de nombreuses personnes que j’en viens à me demander si je n’ai pas moi aussi un TSA… Avec mes patients j’aime parler de fonctionnement neuro-atypique quand la frontière tsa, hp, tdah et même dys est trop floue… Et qu’il est aussi plus intéressant de chercher à comprendre les forces et difficultés de son propre fonctionnement plutôt que de chercher si on rentre ou non dans une case.
Bonjour Françoise
Merci pour cet article et la vidéo que je ne connaissais pas. Réflexion intéressante et questionnement d’autant plus pertinent que l’identification de l’autisme s’élargit aujourd’hui au point de rétrécir encore l’écart affiché entre certaines personnes à haut potentiel et certaines personnes autistes. Je crois pour ma part que nous ne sommes qu’au début des recherches et que les étiquettes d’aujourd’hui sont trop restrictives, qu’il y a des profils intermédiaires.
Comment définir la différence entre autisme et haut potentiel ? Et bien en fait, il me semble que si on se place de ce point de vue unique, l’exercice est périlleux.
En effet, il faudrait tout d’abord que la définition du haut potentiel et que celle de l’autisme soient fiables et fixes, ce qui ne l’est pas, y compris du côté des professionnels, on le voit ainsi avec des diagnostics différents obtenus pour une même personne !
Aujourd’hui la tendance semble être de définir deux profils différents pour le haut potentiel : un profil où finalement il n’y a pas de difficulté, simplement une capacité intellectuelle “supérieure” et un second avec notamment une hypersensibilité très forte en plus des “capacités intellectuelles”. Je raccourcis sciemment, ce serait beaucoup trop long d’entrer dans les détails.
Du côté de l’autisme, c’est peut-être encore plus périlleux car on peut trouver des personnes autistes avec déficience intellectuelle et hyposensorialité et des personnes autistes avec “capacités intellectuelles supérieures” et hypersensorialité et entre les deux, une foule de profils différents !
L’autisme, je me suis plongée dedans il y a quelques années déjà puisque l’une de mes filles est autiste. A un moment donné, en voyant tous les profils différents, je me suis dit que j’allais devenir “chèvre” en cherchant des informations, en cherchant à comprendre, tant les réalités sont différentes. Je suis passée par les mêmes doutes que toi et je suis parvenue à la conclusion que oui, il y a des profils neurotypiques et des profils neuroatypiques. Je pense surtout que le nom donné, l’étiquette attachée n’est pas ce qui importe le plus, ce qui l’est, c’est la réponse aux besoins de la personne face à nous, le respect de nos besoins, le besoin de tolérance face à l’autre qui est différent.
Je ressemble à Paul par certains aspects : les demandes de nouvelles quand on ne veut pas connaître la réponse m’apparaissent des faux semblants, je supporte difficilement également les mensonges. Mais nous avons certaines différences, comme j’en ai avec ma fille, pas seulement parce qu’elle est ma fille, mais parce qu’elle “fonctionne” différemment de moi.
Petit bilan bref ci-dessous sur l’autisme :
♦ troubles sensoriels se traduisant par une hyper et/ou hyposensorialité, l’hypersensorialité concerne un bon nombre d’enfants à haut potentiel également.
♦ pour un bon nombre de personnes autistes, difficulté à “imaginer”, mais il suffit qu’on cumule haut potentiel et imagination pour que ce ne soit pas le cas et pour que l’imagination soit débordante.
♦ une difficulté à comprendre et assimiler les codes sociaux, par désintérêt parfois (comme cela peut être le cas pour certains enfants à haut potentiel), mais surtout par difficulté. Les codes sociaux incluent la politesse, mais pas seulement ! La politesse peut ainsi ne pas poser souci à certaines personnes autistes, par contre comprendre que la “norme” établie implique de se comporter de telle ou telle façon, si…
♦ difficulté à savoir quand il faut parler, ce qu’il faut dire, comment engager la conversation, etc.
♦ difficulté à reconnaître et identifier les émotions, celles des autres et les siennes ! Par exemple il y a fréquemment confusion entre chagrin et colère, combien de fois ma fille même adulte a-t-elle ainsi imaginé que j’étais fâchée alors que je pleurais !
♦ difficultés à comprendre l’implicite, ce qui peut provoquer des mouvements de panique conséquents, par exemple “tirer l’oreille” : on va vraiment me tirer par l’oreille ? Même des mots comme “j’ai failli y laisser un doigt” peuvent provoquer une crise d’angoisse. Il faut trier l’information, relativiser et ce n’est pas si simple. Lorsque le haut potentiel s’associe à l’autisme, il peut y avoir une longue compensation : la personne feint de comprendre et panique intérieurement, or comme le couple haut potentiel + autisme est généralement associé à une forte mémoire, cela reste ancré et les angoisses grandissent.
♦ les intérêts restreints sont un autre des critères, or il pourrait être plus judicieux bien souvent de parler de “passions” et c’est encore une source de confusion haut potentiel/autisme car bien des enfants à haut potentiel sont passionnés. La différence est qu’il y a une vraie souffrance à ne pas suivre son “intérêt restreint”, que celui-ci peut amener à oublier de manger, de boire. De plus, associé à la résistance au changement, il y a en fait des intérêts restreints qui semblent en fait invisibles et qui sont pourtant très très visibles dès qu’on les observe comme le besoin de contrôler ce qui l’entoure, la répétition en boucle de mots, des gestes rituels, etc.
Il y aurait encore énormément à dire, je vous propose de lire mon article “Comprendre et instruire un enfant autiste” : https://www.lemondedemeietnoe.com/post/comprendre-et-instruire-un-enfant-autiste
et/ou d’aller plus loin avec ma rubrique sur l’autisme : https://www.lemondedemeietnoe.com/blog/tags/autisme
Très bonne journée !
Bonjour,
Je suis presque heureuse de lire ce type d’article. Coincidence ou non, en observant ce week-end mes enfants qui sont HPI, je trouvais certains de leurs comportements s’approchant de l’autisme. Plus ou moins intense certe mais les comportements sont bien là. Je suis persuadée que la diversité individuelle de chacun ajoute à la difficulté de diagnostic.
Est-ce vraiment important? Le plus crucial n’est-il pas de savoir s’adapter aux besoins specifiques de nos enfants pour leur permettre de devenir des adultes épanouis.
Bonne journée.
Etant psychologue spécialisée en TSA, pour moi, l’autisme et le HPI sont deux choses parfaitement différentes déjà parce que le premier est un handicap. L’autisme (difficultés perceptives et non sensorielles, traitement de l’information particulier qui peut amener un isolement notamment, part de génétique) et HPI (isolement par manque d’intérêts communs, sentiment de différence,…) ne se présentent pas de la même façon. Tout comme on peut s’isoler en raison d’une dépression ou d’une faible estime de soi et on ne rentrera pas dans la catégorie autisme ou HPI.
Combien de personnes se pensent HPI en voyant la série sur TF1 ? ou autiste en voyant la série sur un docteur avec autisme ? il serait aussi intéressant de se pencher sur ce phénomène qui explique qu’on se trouve toujours des points communs avec un profil décrit.
J’ai vu des parents dont l’enfant a été “diagnostiqué” à tort autiste parce qu’il s’isolait, “diagnostic” fait par des psychomotriciens ou des professeurs des écoles. Diagnostic reposant sur aucune évaluation valable, juste “ça fait penser à…”. Or il existe des tests d’évaluation pour le diagnostic de l’autisme.
J’ai vu aussi une mère dont l’enfant a été considéré comme HPI par une psychomotricienne…parce qu’il n’arrivait pas à suivre à l’école…
De plus, l’autisme de haut niveau ne se caractérise pas par un QI plus élevé que la moyenne de la population mais par un meilleur traitement de l’information comparé à l’autisme “classique”. Il n’a pas de retard dans l’apparition du langage mais le langage n’arrive pas précocement
Oh merci pour ces mots!
Enfin un peu de rigueur médicale au milieu de ce grand fourre tout!
Et pyis pour rappel, il y a autant de HPI référencés chez les TDAH que chez les autres !
De même les qlqs études faites montrent qu’il n’y a pas plus de personnes HPI chez les porteur.euses de TSA que dans la population générale.
Ce serait sympa un peu de rigueur scientifique au lieu d’articles ne reposant sur rien d’autre que du “sentiment de”. Les enfants et leur parents méritent vraiment mieux que ça !
Signé une personne diag TSA et TDAH, parent d’enfants au même profil, par médecins spécialisés et compétents….
Bonjour,
Parent d’un enfant diagnostiqué THQI et TSA léger, les critères de “démarcation” malgré la ressemblance ou la continuité entre certains comportements me semblent être essentiellement :
– les stéréotypies (comportements répétitifs) qui sont un symptôme du TSA. Les stéréotypies durables de l’enfant non expliquées par le TSA sont cliniquement très rares (Syndrome d’Heller, Syndrome de Rett).
– intolérance au changement, qu’elle soit manifeste (anxiété, “crises”) ou non (grande fatigue).
Ce que j’ai pu constater c’est que le HPI peut compenser ou même masquer certains symptômes du TSA (tels que décrits dans le DSM-V) normalement clairement observables.
Pour les parents d’enfant HPI qui auraient une suspicion de TSA, je conseillerais donc d’observer s’il y a des comportements stéréotypés (flapping, enfant qui fait longtemps la toupie etc) ou “anormalement” répétitifs (routines inflexibles, alignement constant de jouets ou d’objets) ou des intérêts très spécifiques (passion pour les tuyaux et la plomberie, pour les plans de métro, l’architecture des ponts…).
La littérature scientifique sur la combinaison HPI+TSA est encore relativement réduite, mais il y a un chapitre qui est dédié au sujet dans le livre “Psychologie du haut potentiel” de Clobert/Gauvry.
Merci à tous pour vos commentaires qui nous montrent bien à quel point il est complexe de comprendre ce qui se joue derrière certains comportements et d’obtenir un diagnostic juste.
Cela peut semble inutile pour les uns ou les autres de chercher à obtenir une “étiquette”, mais c’est hélas la seule façon sûre de bine comprendre les enfants et de les accompagner dans leur développement avec leurs forces et faiblesses.
Je crois aussi que les différences portent sur les raisons de l’isolement et les raisons et l’intensité des passions/obsessions. J’ai par contre aussi entendu dire, par un professionnel, que les difficultés sensorielles étaient attachées à des caractéristiques autistiques ??::: Peut être y a t-il aussi une gradation à faire selon leur intensité et la façon dont elles s’avèrent envahissantes dans la vie de tous les jours ???
Enfin le flou persiste peut être aussi par abus de langage parce qu’effectivement comme le souligne Gwendo, tout le monde peut se retrouver derrière des descriptions si celles-ci ne sont pas étayées par des bilans. Je pense personnellement qu’ils aident les enfants à aller mieux et que les parents sont mieux à même de les comprendre et d’accepter des comportements qui sortent du lot lorsque leur origine est comprise.
L, pouvez-vous nous dire comment se traduit le TSA léger de votre enfant et comment vous faites la distinction avec certaines singularités liées au THPI?
Les difficultés sensorielles ne sont pas réservées aux personnes autistes.
Par exemple, j’ai des difficultés sensorielles conséquentes et je ne pense pas être autiste. J’ai lu plus haut le commentaire de Gwendo qui a écrit de justes précisions et la différence me semble dans le traitement de l’information qui est différent.
Un des pièges, c’est justement de voir des “symptômes” et de penser que la cause est la même. Or c’est la même chose que pour un nez qui coule, on peut voir le nez couler, mais la cause peut être une rhinite virale, une allergie ou une grippe, etc. On ne peut pas prendre un symptôme isolé même si celui-ci est fort.
Idem pour l’intolérance au changement. J’ai deux enfants et l’une n’est pas autiste, elle est à très haut potentiel. Petite, elle avait une résistance très forte au changement, sauf que celle-ci ne s’exprimait pas de la même façon que sa soeur et pas pour les mêmes raisons. La colère est aussi souvent associée à l’autisme dans les situations de changement, ce n’est pas forcément le cas, l’enfant peut réagir d’une autre façon. La colère peut aussi être conséquente chez le petit zèbre qui a besoin de ses routines parce que le monde qu’il perçoit est effrayant par ses injustices, sa mouvance, etc.
Dans tous les cas, c’est vraiment un ensemble de choses qui font qu’il y a autisme. Et si je devais donner un signe d’alerte, ce serait les comportements répétitifs, les boucles verbales qu’on ne peut pas interrompre sans plonger la personne autiste dans un état de souffrance.
Je suis d’accord avec vous
Pour vous répondre, Françoise.
Mon enfant a été diagnostiqué THQI à 3 ans.
Il présentait déjà des stéréotypies (petits sauts réguliers) mais aucun autre signe clinique visible de TSA à part une tendance à aligner/classer les objets .
Mon conjoint, orthophoniste spécialisé dans l’autisme (!) avait des suspicions mais à part ces comportements répétitifs…rien d’observable et d’évident (très bonne compréhension de l’ironie, de l’humour, des intentions, des émotions).
A l’âge de 6 ans nous avons décidé de faire un diagnostic TSA. L’entretien clinique n’a rien permis de détecter MAIS le test ADOS-2 (Echelle d’Observation pour le Diagnostic de l’Autisme) a mis en évidence un TSA léger sans aucune ambiguïté vu les scores. La conclusion étant que son TSA :
– a été extrêmement bien compensé par le THQI : la mémoire, la capacité d’analyse et de compréhension fine.
– a été bien pris en charge “inconsciemment” par nous les parents (plannings visuels, anticipation des changements, autonomie, verbalisation des émotions et des attentes), ce qui a évité des troubles du comportement qui peuvent révéler plus tôt ou plus fortement le TSA.
Le diagnostic nous a soulagé (nous n’étions plus dans une “zone grise”) et l’a également beaucoup soulagé (nous lui avons expliqué qu’il est “doublement singulier”).
Aujourd’hui (il a 10 ans) son TSA léger s’exprime surtout par :
– des difficultés à décoder certains codes ou situations sociales complexes, surtout en cas de fatigue ou quand il y a de fortes émotions (par exemple, se colle aux personnes ou double dans une file d’attente).
– beaucoup de fatigue s’il y a beaucoup de monde ou beaucoup de stimulations.
– ses activités stéréotypées (listes, collections…).
Merci beaucoup L pour ce témoignage qui permet d’y voir plus clair.
Je partage votre point de vue sur l’importance du diagnostic, quel qu’il soit.
Bonsoir, merci pour cet article et le courage de parler du TSA et du HPI.
Je vous suis depuis 4 ans environs, vos articles m’ont aidés pour comprendre certaines choses et puis j’aime bien vos sélections de livres.
Pour mon fils, qui a aujourd’hui 11ans, le diagnostique TSA est tombé il y a quelques mois et j’ai été en colère, car j’avais l’impression d’avoir lu beaucoup de chose sur le HPI, tous les livres que je pouvais quand le résultat du WISC est tombé vers 7/8 ans et jamais (ou alors je n’ai pas relevé ou voulu relevé) je n’ai vu des paragraphes sur TSA et HPI.
J’ai même laissé tomber certains auteurs, car je trouvais l’étude sur le “HPI” un peu trop fataliste/édulcorée/avec des mots bateaux types horoscope. Puis ce n’est pas une Pathologie.
Du coté de mon fils c’est bien les habilités sociales qui pêchent, et l’arrivée au collège est une étape plus compliquée.
Bizarrement je trouve beaucoup moins de livres sur le TSA et les trucs et astuces,
Il faut dire qu’il y a autant d’autismes que d’autistes, dur de faire des généralités avec tous les troubles qui peuvent s’y associer ou non.
Continuez à creuser le sujet; c’est peut-être qu’une partie des HPI c’est peut-être moins vendeur mais c’est une réalité! Sortez du bois!
Merci Ravel.
Oui j’ai écrit cet article pour solliciter des témoignages car en effet il n’est pas facile, dans ces cas précis, de faire la part des choses et parfois même les professionnels entretiennent la confusion.
Pour les enfants THPI, à mon avis, le sujet des habilités sociales est crucial et il convient de distinguer une forme d’solement ou de manque de communication, volontaires ou non, liés au décalage réel qu’ils vivent avec leurs pairs (soit avec leurs relations obligatoires, dans le cadre scolaire en particulier), et leurs capacités d’adaptation lorsque leur environnement leur est favorable. Ce n’est pas simple car ils passent une grande partie de leur temps et de leur enfance d’ailleurs, dans des cadres contraints à l’intérieur desquels ils ne parviennent pas forcément à s’extérioriser.
Je pense ne pas être confrontée au TSA à travers mes enfants mais j’ai tantôt eu des doutes. Je pense et espère que les explications de Isa Lise, L et Gwendo sur le caractère répétitif , stéréotypé et permanent de certains actions pourront aider les parents qui doutent à se poser les bonnes questions.
Bonjour,
Je partage avec vous un exemple très précis qui m’a fait questionner plusieurs fois, en effet, sur des caractéristiques potentiellement communes aux personnes HPI et aux personnes autistes. Mes 2 enfants ont été diagnostiqués HPI. En ce qui concerne l’alimentation, aucun des deux ne supporte le mélange des aliments. Comme les autistes, ils veulent manger “compartimenté”, et haché menu de préférence ! Si dans l’assiette, le jus de la tomate a touché un millimètre du morceau de viande, c’est le drame, la crise ! Ma fille, particulièrement, veut toujours manger avec les mêmes couverts, la même assiette, le même bol, … Elle mange en très petite quantité et passe un temps fou à analyser ce qu’il y a sur la fourchette avant de mettre en bouche. Ces caractéristiques correspondent aux personnes autistes me semble-t-il. En revanche, je ne perçois chez mes enfants aucune autre caractéristique qui pourrait faire penser à un trouble autistique et ils n’ont d’ailleurs pas été diagnostiqués en ce sens. Connaissez-vous d’autres personnes HPI qui ont ces mêmes exigences par rapport à l’alimentation ?
Bonjour,
Oui j’ai eu le même type de comportement alimentaire avec mes enfants, c’est passé avec le temps. Je pense que cela vient d’une sensibilité plus forte aux goûts, odeurs, textures… qui va sans doute de pair avec le reste.
Quel âge ont les vôtres ?
Bonjour,
Et merci de votre réponse. Ma fille a 19 ans et mon fils 15. A quel âge ces comportements se sont-ils atténués chez vos enfants ?
Bonjour,
et merci de votre réponse. Mon fils a 15 ans et ma fille a 19 ans.
Merci aussi d’avoir soulevé ce sujet des troubles associés chez les HPI ou THPI, merci aux témoignages des uns et des autres qui me permettent de creuser et de faire avancer ma réflexion. En effet, depuis quelques jours, je me questionne … Ma fille n’aurait-elle pas finalement un trouble associé ??? Au-delà de ses difficultés relationnelles, de ses rituels et obsessions (comme se couper les pointes des cheveux pendant de longues heures) mais qui ne l’empêchent pas néanmoins d’avoir une vie sociale plus ou moins normale, elle souffre de beaucoup de maux physiques depuis toujours: troubles musculo-squelettiques (elle a été opérée d’une scoliose en janvier dernier), problèmes aux hanches, fatigue perpétuelle malgré des examens sanguins “normaux”, problèmes intestinaux (elle a subi son premier lavement à l’âge d’un an), … Je me questionne finalement sur un éventuel TSA … ??? Ouh là, ça bouillonne dans ma tête … Serais-je passée à côté de ça ??!!
Bonjour,
Alors, pour les troubles alimentaires, c’est passé chez mes enfants vers l’âge de 9-10 ans. En fait il nous a fallu le temps de la réflexion et quelques lectures sur l’hypersensibilité pour comprendre les choses et relativiser.
Quand je lis votre dernier message, plus qu’un TSA j’ai l’impression d’une forme de “malaise” ou de “quête” de la part de votre fille qui se cherche et provoquerait des symptômes dits idiopathiques. Les tocs en font partie, la scoliose dans certains cas…
La piste de réflexion que je vous propose serait de comprendre dans quelle mesure son haut potentiel est quelque chose dont elle s’est emparée pour l’exprimer d’une façon ou d’une autre, qui lui fait du bien, ou de savoir si ça reste un élément un peu extérieur à elle, dont elle ne sait que faire (ou comment l’utiliser) qui la distingue ou l’écarte des autres, d’où maux divers ?
En fait il n’est pas simple de vivre avec cette particularité sans aide car les sources d’expression favorables ne se trouvent pas facilement dans le cadre scolaire ni dans les activités sociales’ou culturelles proposées aux adolescents. Il leur revient alors de chercher par eux mêmes ce qui les stimule, les fait vibrer à hauteur de leurs besoins pour se sentir bien.
Je peux me tromper mais j’ai l’impression que c’est ça qui mine votre fille, non ?
Bonjour,
C’est très possible, je ne sais pas … C’est elle qui sait mieux que moi ce qu’elle ressent et quelles stratégies elle a mises en place, pour autant qu’elle en ait conscience. Je vous rejoins sur le problème du cadre scolaire … c’est très dommage, on le sait … Elle a été identifiée HPI à l’âge de 17 ans seulement, c’est récent. En quelque sorte, elle a dû “se débrouiller” seule avec sa particularité durant toute son enfance et une partie de son adolescence.
Merci en tout cas, ça ouvre des pistes. Je vais me renseigner sur les symptômes idiopathiques dont vous parlez.
Merci encore pour ces échanges !
Bonjour je pense que autisme et HPI sont étroitement liés et que s’il existe des HPI qui ne sont pas autistes il y a des autistes HPI qui affichent une grosse réussite sociale et il y a des enfants HPI qui sont en échec scolaire avec des troubles du comportement.
Et que maintenant on va se voiler la face en ne voulant pas imaginer que la petite fille qui sait lire à 3 ans qui parle comme une adulte et issue d’une famille de CSP++ n’est pas toute destinée à faire une école prestigieuse et si tout foire à l’école c’est parce qu’elle est paresseuse, caractérielle ou plus intelligente que la maîtresse.
Ma prise de conscience tardive c’est pas un soulagement du tout.
Un autiste ne comprend pas si on ne lui apprend pas. En revanche s’il est très intelligent et s’il a compris il peut avaler de l’information et devenir expert dans son domaine et sous performer dans d’autres domaines.
Donc en fait je suis soit brillante soit nulle çà dépend du contexte.
Bon maintenant on dit que les filles ne s’intéressent pas aux horaires des trains mais aux chevaux et que à cause de cela çà passe inaperçue. Moi autiste, HPI et cavalière.