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Sabine BARBÉ a répondu au sujet PROCRASTINATION comment la contourner dans le forum L'enfant décrocheur il y a 2 ans et 7 mois
Merci pour votre témoignage qui me rassure quelque part, et effectivement votre quotidien ressemble parfaitement au mien.Et vous avez tellement raison sur tous ces points.
Effectivement, je suis sans arrêt en train de lui demander s’il n’a pas oublié de prendre tel ou tel devoir réalisé à rendre, qu’il n’oublie pas de rendre tel document car c’est la date butoir…. Il est très distrait. Il peut suivre plusieurs conversation mais ne pas entendre ce que l’on vient de lui dire. J’interviens très souvent aussi dans son travail et il m’arrive de le réaliser mais uniquement si je sais qu’il est tout à fait capable de le faire mais qu’il ne le fera pas car cela lui semble sans intérêt, “débile” comme il dit. Le pire, c’est que je le comprends… Je me dis qu’il doit passer ce cap du lycée et du bac.Je dois l’aider à le passer, l’aider à aller jusqu’au bout de cette épreuve. Ensuite il trouvera je pense plus d’intérêts dans les études et la motivation suivra.
Au moment même où je vous écris il travaille la préparation du bac français avec un étudiant ; je l’entends et je le sens motivé, content de travailler.
C’est très juste vos propos sur la procrastination. Je me rends compte que j’ai moi aussi beaucoup procrastiné et que cela m’arrive très souvent encore dans mon travail. Ne pas savoir par quel bout commencer, être tétanisé. Oui, c’est cela.
Vous avez raison aussi quand vous dites que lui dire de travailler ne semble avoir aucun sens. C’est tout à fait vain, improductif.
L’an passé, comme il avait 6 matières avec le Cned, j’ai mis en place aussi un semainier, un grand tableau mural blanc effaçable. Il passait 80 % du temps à étudier à la maison, et comme il était très souvent seul il lui fallait un fil conducteur. Je lui notais les matières à réviser avec les horaires. Il avait beaucoup de mal à travailler seul. Je ne l’ai pas refait cette année car cela ne fonctionnait pas à 100 % mais vous avez raison, cela fonctionnait malgré tout et ce n’est pas grave si ça ne fonctionne pas à tous les coups.
Je dis souvent que je vais le remettre en place mais … moi aussi je remets à plus tard.
Donc merci, car je vais dès demain planifier tout cela et me disant que ce n’est pas grave si cela ne fonctionne pas toujours. Et cela procure un cadre et cela le rassurera.Ce cadre dont ils ont tellement besoin.
Je retiens aussi votre idée de lire une fois le cours et de noter les idées importantes.
Oui aussi sur le fait d’arrêter de parler surtout que l’on sait pertinemment que souvent c’est contre-productif et que cela ne renforce que son manque de confiance en lui.
Les idées noires, très noires, il en a eu jusqu’à il y a environ 1 an mais surtout durant les 2 premières années (de 8 à 10 ans). Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait (des colères incommensurables, accompagnées d’injures envers moi, d’envie de tout casser, de se défenestrer…et une fois la tempête passée, je le retrouvais totalement vidé, sans aucune force, se rendant compte de ce qui s’était passé, s’excusant de ses propos). Il nous disait alors que ce serait mieux s’il n’était pas là, que nous n’aurions ces problèmes là. Période très difficile que celle-ci. Notamment la 1ere grosse colère déclarée par une injustice ressentie lors d’un jeu dans un parc avec des camarades. Le temps nous a semblé bien long avant que de savoir gérer ces “crises”, de savoir gérer la frustration.
Aujourd’hui, par rapport à la mort, c’est surtout qu’il aborde le sujet avec une grande sérénité ; elle ne lui fait pas peur.Merci pour votre temps, merci pour votre vécu, votre vision des choses.Cela m’a fait beaucoup de bien et je me sens prête à surtout ne pas lâcher.
Belle soirée à vous
Sabine
Je me reconnais beaucoup dans vos expériences.
Je suis professeur de français depuis 23 ans d’abord au lycée, ensuite à l’université avant de décider de m’occuper des jeunes adultes en décrochage scolaire. C’est pour vous dire à quel point je connais bien la question du décrochage. Et pourtant je n’ai pas vu venir ou je n’ai pas voulu inconsciemment voir le problème de mon fils qui a commencé à décrocher dès la primaire. Très intelligent, très vif et très émotif il a toujours été très en difficultés dans ses relations sociales, colérique, s’estimant incompris….son petit frère est très brillant, premier de sa classe ce qui installer aussi un sentiment de préférence chez lui. Bref vous voyez un peu la situation que je vais décrire dans les détails pour ne pas vous ennuyer. Nous avons passer beaucoup de temps à l’accabler pensant qu’il est gâté et qu’il ne voulait pas travailler. Nous n’avons pas été très attentifs malheureusement. Notre pression était énorme.
C’est uniquement aujourd’hui que je prends conscience du problème suite à une longue discussion avec sa prof principale avec laquelle nous avons testé plusieurs pistes d’accompagnement sans grand succès.
Aujourd’hui nous abordons une nouvelle phase avec beaucoup d’écoute et de discussion avec notre fils. Nous allons commencer par un test Wisc V. Si vous avez des conseils de praticiens dans les hauts de Seine ou à Paris, nous sommes preneurs. Je vous remercie d’avance. Bon courage à toutes et à tous.
Je vous ai lu attentivement et j’ai de la peine pour vous et pour votre fils car dans nos situations tout le monde souffre. Mais comme m’a souvent dit mon fils “oui mais toi tu es adulte et moi je ne suis qu’un enfant!”.
Je ne sais pas quel âge a votre fils?
Il semble que vous soyez un papa et je vous félicite car bien souvent (et les spécialistes me l’ont confirmé) les papas sont réfractaires au fait de considérer que le problème vienne du haut potentiel. Donc votre fils va pouvoir passer les tests, c’est une bonne chose. Il faut commencer par cela effectivement. C’est important pour lui. Mon fils, à 7 ans, ne cessait de me demander pourquoi ça ne s’arrêtait jamais dans sa tête, et pourquoi il était différent des autres. Car oui, ils se sentent différent. Oui, ils sont différents et il est donc important de savoir pourquoi ils le sont.
Vous avez raison d’essayer la discussion et l’écoute et je sais que ce n’est pas facile. Dans tous les cas de figure, nous savons tous que la communication est un des éléments les plus importants avec l’amour. Je vous dis cela et j’en suis persuadé même si en ce moment je vous avoue ne pas tout à fait le pratiquer avec mon fils de 16,5 ans. Il n’a pas repris les cours depuis les vacances (que 2 heures le lundi matin) et il est en plein décrochage à 1 mois du bac. Il semble totalement incapable d’agir, de réagir. Il a parfaitement travaillé avec un étudiant toute la 2ème semaine de vacances pour réviser les textes de français car il avait un oral blanc. Il a mis la barre haut en passant qu’il allait avoir 18 et il a perdu ses moyens et il a eu 14. Il ne s’en remet pas; Il ne va plus en cours et je ne sais pas s’il va passer les épreuves.
Vous savez mon plus grand regret est de n’avoir pu offrir à mon fils l’école où il aurait pris du plaisir. Une école adaptée à ses besoins. Une école dans laquelle il puisse juste être lui. Je pense qu’elle existe car je pense que l’école Georges Gusdorf à Paris 14e est très bien pour ces enfants. Notre système n’est absolument pas fait pour les EIP, en tout cas pour certains profils. Leur potentiel s’éteint et eux avec.
Notre fils, au collège, était dans un collège par niveau. En 5ème, il a eu un professeur de maths qui leur faisait faire le programme de seconde. Je n’ai jamais vu mon fils aussi heureux de me raconter ses cours de maths, il n’a jamais autant excellé, il était le moteur de la classe (dixit son professeur). Malheureusement ce professeur n’est pas resté et il fait parti des 0..0001 % des professeurs qui s’intéressent et/ou comprennent ces enfants dont le fonctionnement intellectuel est différent.
Cela fait plus de 8 ans que j’accompagne mon fils, que je le suis au quotidien, que j’explique maintes et maintes fois qui il est, et que, oui, il est au HP et oui il n’a que 11 de moyenne générale. Et tous ces gens de l’éducation nationale qui sont pourtant sensés connaître la problématique (cf Eduscol.education Ressources pour la personnalisation des parcours des élèves à haut potentiel), ils vous disent qu’ils n’ont jamais vu cela, et que c’est juste votre problème.
J’ai toujours su que je ne pourrais peut-être pas lui éviter le décrochage scolaire mais j’ai essayé. J’ai mis ma vie entre parenthèse, ma vie de couple aussi un peu, et j’ai l’impression d’avoir échoué. Je crois que je revis un peu mon échec à moi. J’étais une “élève intelligente et en avance” (cf mes bulletins du collège) et au lycée décrochage. Pendant toutes ces années je me suis posais la question : “comment peut-on être intelligent, en avance et ne plus pouvoir, ne plus savoir travailler tout à coup au lycée??”. Il est sûr que sans mon fils, je n’aurais jamais su pourquoi j’ai décroché. Mais j’aurais préféré ne rien savoir et que pour lui tout aille bien.
L’éducation nationale est totalement inadaptée aux enfants d’aujourd’hui et encore moins aux EIP ; Mais on préfère changer les livres c’est tellement plus facile que de réformer en profondeur le système.
De mon côté, j’avoue aujourd’hui ne plus savoir quoi faire. Je n’ose plus lui parler de cours, d’évaluation, même pas du bac de français, de quoique ce soit qui ait un rapport avec l’école sachant que cela ne lui procure que de la douleur, du dégout.
J’ai tellement mal pour tous ces enfants qui ont un tel potentiel, qui aiment apprendre, qui sont doués, et qui s’éteignent, pour qui ce potentiel ne peut s’exalter. Et qui ne parviendront peut-être pas à effectuer les études qu’ils souhaiteraient parce qu’ils n’auront pas été compris.
Notre fils est suivi depuis la 6ème par une psychologue spécialisée HP avec laquelle cela s’est parfaitement bien passé mais nous allons en voir une autre cette semaine en nous disant qu’elle lui apportera peut-être quelque chose de plus et qui lui ouvrira une nouvelle voie.
Je sais qu’il ne faut pas lâcher même si en ce moment, dans la seconde qui suit, je me dis qu’il vaut peut-être mieux tout laisser tomber.
En fait, ce qui me fait le plus de mal, c’est de savoir que ce potentiel ne puisse être exploité et que cela le rend malheureux je le vois bien.
Vous avez décidé d’écouter votre fils et vous avez raison. A chaque fois que j’ai mis en doute la parole de mon fils, à chaque fois j’ai eu tort. Quand il me disait avoir mal au ventre et ne pouvoir aller en classe, ou il était déjà en classe et m’envoyait un sms en me disant « j’ai mal au ventre maman »ou « je vais péter un cable, je n’en peux plus », ce n’était jamais du pipeau . Ce sont des enfants qui ne jouent pas, ils sont vrais, ils sont purs.
Je sais aussi que c’est loin d’être facile et que la solution c’est soit de pouvoir leur offrir une école adaptée, ou de les déscolariser en les accompagnant au quotidien d’un professeur mais cela suppose de pouvoir le faire financièrement.
Bon courage BL.
Chaque HP est différent et je vous souhaite de trouver la solution adaptée à votre fils.
Bien à vous
Sabine
PS : excusez les fautes, je fais vite et ne prends pas le temps de relire