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Combattre les idées reçues sur les enfants surdoués

Les idées reçues sur les enfants à haut potentiel sont légion. A l'occasion de la publication d'un article du magazine Top Santé, nous revenons sur un certain nombre d'entre elles.

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Le sujet des enfants à haut potentiel intellectuel véhicule encore aujourd’hui de nombreuses idées reçues. Sur le site du magazine Top Santé, un article tente d’en combattre quelques-unes en donnant la parole au docteur Anne Gramond  psychiatre de l’enfant et de l’adolescent, auteur de « J’aide mon enfant précoce » aux éditions Eyrolles.

J’ai jugé utile de reprendre cet article point par point pour apporter des précisions me semble-t-il nécessaires afin qu’une idée reçue ne soit pas trop vite remplacée par une autre.

Idée reçue numéro 1 : les enfants surdoués sont toujours les premiers de leur classe

La vraie idée est que les enfants à haut potentiel ont des capacités intellectuelles et cognitives supérieures qui facilitent certains apprentissages. Dans des conditions idéales, certains d’entre eux peuvent effectivement faire montre de très bonnes aptitudes en classe. C’est le cas notamment des enfants au profil autonome ou au profil brillant.

Ils ne sont pas toujours adaptés au système classique.
Globalement, ils ont une intelligence différente et un mode de fonctionnement cognitif particulier. Par exemple, comme ils ont tendance à interpréter littéralement ce qu’on leur demande, ils font parfois des hors sujet.

Dans la mesure où ils sont obligés de s’adapter à un modèle et un rythme qui ne sont pas forcément les leur, ces capacités peuvent être mises sous l’éteignoir ou être bridées pour mieux se conformer au moule.

Par ailleurs, il est nécessaire que les attentes scolaires soient comprises ou expliquées à l’enfant à haut potentiel qui peut avoir une vision différente de ce qui est attendu par l’enseignant (défaut d’implicite commun).

C’est pourquoi il est important, lorsqu’un enfant présente les caractéristiques du haut potentiel, que son profil soit identifié assez tôt pour :

  • envisager les adaptations scolaires nécessaires à son plein épanouissement
  • éviter ainsi un échec scolaire potentiel liée à l’inadaptation des méthodes d’apprentissage.

Idée reçue numéro 2 : ils prennent facilement les choses au pied de la lettre ou au premier degré

Il est vrai en revanche qu’ils sont, d’une manière générale, assez susceptibles.

Au contraire, ils ont « beaucoup d’humour, confie la pédopsychiatre.

Ces explications sont à remettre en perspective. En général les enfants à haut potentiel attachent aux mots un sens précis, ainsi un terme donné prendra tel ou tel sens dans un contexte particulier. Ils décodent très bien l’ambiance contextuelle car ils sont sensibles à l’environnement et jouissent de fortes capacités d’empathie. Mais leurs réactions sont très fortement liées à leur ressenti, souvent très intense, en fonction de la situation et de l’environnement dans lequel ils se trouvent. C’est la conjonction de ces éléments qui les fait quelque fois paraître excessivement susceptibles aux yeux de leur entourage. Ils savent par contre faire la différence entre du premier et du second degré et se servent assez facilement de l’humour pour relativiser des situations peu claires ou tendues.

Là aussi il est important qu’ils comprennent assez tôt qu’ils ont des facultés de perception plus intenses que la moyenne pour parvenir à lâcher prise face à certains événements.

Idée reçue numéro 3 : les enfants à haut potentiel ont une grande confiance en eux

Les enfants à haut potentiel ont du mal à réguler leurs émotions et souvent une mauvaise estime d’eux-mêmes…
A l’inverse, ils peuvent donner une impression d’hyperconfiance en eux en se vantant.

Ces notions d’estime de soi et de confiance sont fortement liées à l’image qu’ont les enfants précoces d’eux-mêmes et des autres en particulier dans leurs relations sociales. L’excès ou le défaut de confiance en soi dépendent de la possibilité qu’ils auront de se construire par rapport aux autres, d’échanger de façon satisfaisante et constructive. Or lorsque le cadre ne le permet pas ou que l’enfant n’est pas compris dans sa singularité, des réactions excessives peuvent voir le jour.

Un exemple vient d’être cité tout récemment sur EPI. Un enseignant a écrit :

X…. a beau être un excellent élève, il ne doit pas en profiter pour faire son intéressant ou discuter avec les autres sans permission. Il est certes très intéressant dans son métier d’élève et de tuteur d’autres élèves , mais quand il s’agit de travailler en classe entière il faut éviter de faire n’importe quoi

Il est plus que probable que l’enfant en question ne soit pas compris et n’ait pas la possibilité de s’exprimer à hauteur de ses besoins dans un cadre bienveillant, ce qui le pousse à se manifester d’une façon dérangeante pour son professeur.

Idée reçue numéro 4 : ils ont de très bonnes facultés d’adaptation

Savoir s’adapter, c’est un signe d’intelligence. On pourrait donc penser que ces enfants acceptent facilement le changement. « Or ils affichent souvent une certaine rigidité de pensée.

Pour ce qui concerne l’adaptation, il y a une nuance à apporter pour ne pas confondre chez l’enfant surdoué le fait de s’accommoder avec raison à un événement ponctuel, ce dont il est tout à fait capable, avec l’obligation de devoir vivre en permanence en décalage dans un environnement dont les normes ne sont pas faites pour eux.

Dans la mesure où une décision est motivée et bien expliquée, ou encore si elle est motivée par une situation d’urgence, les enfants à haut potentiel font en général preuve de beaucoup de compréhension et de réactivité. Ce serait plutôt l’arbitraire ou l’injustice qui les pousseraient à s’opposer.

Cette notion d’adaptabilité est à mettre en parallèle avec celle du sens : les enfants précoces ont besoin de comprendre le bien-fondé d’une décision et le sens des actions à mener, tout comme à l’école ils ont besoin de comprendre l’intérêt ou le but des exercices proposés pour s’investir totalement.

Idée reçue numéro 5 : les enfants surdoués sont généralement des enfants modèles

Non. En consultation, je m’aperçois souvent que ces enfants adoptent des attitudes d’opposition et de provocation avec leurs parents voire avec leurs enseignants, ils cherchent à tout prix à avoir raison.

La provocation est toujours une attitude défensive qui est le signe d’un malaise et répond à un besoin d’attention. Comme leurs camarades du même âge, les jeunes précoces sont des enfants avant tout, avec leur propre caractère, leur histoire personnelle, leur éducation, leur environnement, plus ou moins favorable à leur épanouissement.

La façon dont ils vont être compris, acceptés, accompagnés, aura évidemment une grande incidence sur leur développement et sur leur façon d’être. Il me paraît particulièrement délicat et négatif de se faire une idée sur la seule base des enfants qui consultent un psychologue, très souvent suite à une constat d’inadaptation scolaire. Énormément d’enfants surdoués vont très bien et, sans pouvoir être forcément qualifiés d’enfants modèles, sont généralement très agréables à vivre, du fait de leur maturité intellectuelle principalement.


Combattre les idées reçues sur les enfants à haut potentiel n’est pas chose facile. Peut-être contribuons-nous parfois nous-mêmes, inconsciemment à véhiculer des idées fausses. La multitude des profils et le fait que chaque enfant soit différent ne facilitent pas les choses et les généralisations abusives sont aisées. En la matière, il est important de savoir exercer son esprit critique pour ne pas faire d’expériences personnelles des vérités universelles.

Il semblerait que l’heure d’un rééquilibrage bénéfique et positif de la perception des particularités des enfants surdoués ait sonné. Il faut s’en féliciter et travailler, tous ensemble, à amplifier ce phénomène naissant.

Lire l’article en entier sur Top Santé

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