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L’enfant à haut potentiel et la jalousie

Pour éviter les réactions envieuses à l'égard d'un enfant surdoué, au sein de la fratrie comme à l'extérieur, il est nécessaire d'expliquer et d'informer sur les particularités du haut potentiel intellectuel, comme l'explique Arielle Adda.

La frustration chez l'enfant précoce

La chronique mensuelle d’Arielle Adda pour le journal des femmes est ce mois-ci intitulée “la jalousie paradoxale chez les enfants doués”. Elle traite de ce phénomène sous l’angle de la fratrie et sous celui des rapports avec les autres.

Quid des relations d’envie au sein de la fratrie ?

De façon inhabituelle, après une entrée en matière qui me parle, j’avoue être étonnée de la présentation faite par Arielle Adda des sentiments fraternels décrits en deuxième partie de son article.

Personnellement, en tant que maman de quatre enfants concernés, je n’y retrouve aucunement les relations tellement envieuses, décrites avec des mots très durs par la psychologique. Je ne saurais en parler tellement je suis, pour une fois, surprise par la teneur des propos tenus.

S’il est l’aîné, il n’a pas de mots assez durs pour écraser de son mépris cette larve maladroite qui aurait l’audace de vouloir lui ressembler.

J’ose espérer que la plupart des parents remplit assez bien son travail d’explication et d’éducation pour qu’au sein d’une même famille de telles animosités soient rapidement calmées.

Peut-être y a t-il dans le cas de l’enfant à haut potentiel, plus de maladresses parentales ?

La mise en avant d’un enfant pour ses qualité au détriment des autres, la comparaison avec ses frères et sœurs ou le fait de le citer en seul exemple pourraient être des raisons justifiant ce type de comportements que, pour ma part, je n’ai jamais rencontrés dans ma famille.

Qu’en est-il de la jalousie subie par l’enfant à haut potentiel ?

A l’inverse la première partie attachée à décrire un sentiment d’envie à l’égard de l’enfant à haut potentiel, malgré lui et sans qu’il n’en comprenne les raisons, relève du vécu.

De tels sentiments sont inconcevables pour l’enfant doué qui privilégie les contacts amicaux et serait même tout prêt à aider un camarade peinant sur un devoir mal compris.

Bien sûr, chaque individu est le fruit de son expérience et finit par s’accommoder à sa manière des réactions de ses camarades face à l’image qu’il leur donne. La jalousie, bien souvent due à l’incompréhension mutuelle, est malheureusement souvent une réponse maladroite que reçoivent les enfants à haut potentiel, de même que leurs parents, face à ce que l’on pourrait appeler leur réussite (considérée uniquement et malheureusement sous l’angle des notes obtenues).

Arielle Adda utilise aussi dans cette veine une formulation que je voudrais tempérer :

Les enfants doués aiment avoir de bonnes notes, leurs parents sont contents et eux-mêmes savourent cette image agréable d’eux-mêmes 

Je pense que c’est restrictif de les réduire à cette image, ils aiment sans doute avoir de bonnes notes comme tous les enfants, avec parfois des facilités, mais aiment tout autant satisfaire leur entourage de toutes les autres façons possibles, y compris lorsqu’il y a une difficulté à surmonter.

La fierté face à la réussite est sans doute un sentiment normal pour tout un chacun. Par contre il me semble, et c’est là le fond qui souvent est mal interprété, que les enfants surdoués ne sont pas a priori imbus d’eux-mêmes ou dotés de ce sentiment de fierté mal placée dont on voudrait les affubler. Ils sont, au départ, contents pour eux-mêmes,(et surtout lorsqu’il y a un effort à fournir, j’insiste sur ce point souvent négligé, sans difficulté il ne peut y avoir de satisfaction profonde) indépendamment du regard des autres.

Les personnes douées ignorent la jalousie : généreuses, elles auraient plutôt tendance à se réjouir des succès d’autrui, sans avoir jamais le sentiment que ce succès puisse leur faire de l’ombre. La compétition, et l’agressivité qu’elle sous-tend, leur font horreur.

J’avais envie de mettre l’accent sur cette forme d’humilié qui n’est que trop rarement évoquée pour l’enfant à haut potentiel et qui les amène à subir malgré eux une sorte d’adversité voire d’animosité ainsi que de multiples rancœurs infondées, pouvant mener jusqu’au harcèlement scolaire si elles ne sont pas prises en compte.

Ces enfants vont leur chemin, avec cette aisance naturelle qui suscite tellement de rancœurs.

La vie et la méconnaissance de leur fonctionnement, y compris de leurs difficultés, peut les modeler autrement, mais je crois que c’est le regard, partial ou incomplet qu’on porte sur eux, qui engendre ces réactions excessives.

Jalousies et rivalités sont-elles aussi fréquentes, inéluctables et impitoyables dans vos foyers ? Votre avis nous intéresse.

Retrouvez la chronique complète sur le site du journal des femmes.

6 commentaires

  1. clairoon6 le 2 novembre 2020 à 21 h 47 min

    Bonjour,
    Pour ma part, j’ai 2 filles que tout oppose et ça c’est merveilleux! Mais au quotidien c’est pas simple, on a beau savoir que la comparaison n’est pas bonne et on l’évite à tout prix. Mais le quotidien est rempli d’opposition car nos discours le sont lorsque l’on s’adresse à l’une ou à l’autre…
    J’ai une enfant (10 ans) très sérieuse, cartesienne, sur d’elle qui s’assume et diagnostiquée haut potentiel et une autre (8 ans) plutôt rêveuse, je dirai même lunaire, elle a sa propre logique qui n’a n’appartient qu’à elle, elle est en difficultés à l’école avec des troubles de l’attention.
    Elles s’entendent à merveille car elles sont très complémentaires et très proches en âge (17 mois d’écart) mais forcément nos rapports à nous en tant que parents sont différents et s’adaptent à chacune d’elles car on sait très bien que ce qui est bon pour l’une ne l’est pas forcément pour l’autre (notre approche, la logique…)
    Donc on a beau faire de notre mieux dans certaines situations la « jalousie » peut se faire ressentir (passer plus de temps avec l’une pour les devoirs par exemple, même si on compense par autre chose, le fait est là et l’enfant reste sur cette perception), donc la communication est la clé et les enfants lorsqu’ils savent le pourquoi du comment, cela apaise les situations d’injustice qu’ils peuvent ressentir.
    Ah si quand même un trait de caractère commun: l’hypersensibilité!
    Claire

  2. Nathalie le 2 novembre 2020 à 22 h 27 min

    Bonjour, j’ai un enfant THP et pourtant c’est plutôt lui l’envieux.. C’est l’aînée et il n’a de cesse de vouloir faire du mal à sa petite sœur qui est plus autonome que lui mais on ne sait pas encore si elle est aussi HP. Il a un grand sens de l’injustice pourtant tend à malmener sa sœur par jalousie du fait qu’elle lui prend “sa” place auprès de ses parents..

  3. Croguennec Cécile le 2 novembre 2020 à 22 h 50 min

    J’ai deux filles.
    L’aînée a huit ans et a été diagnostiquée tôt.
    Elle est assez exclusive mais très attentionnée à l’égard de sa petite soeur qui a bientôt 3 ans.
    Je ne ressens pas cette animosité de la part de l’aînée mais j’ai l’habitude de stopper toute forme d’agressivité dans notre foyer car j’ai du mal à supporter cela moi-même…
    La petite trouve bien sa place face à sa grande sœur et même si nous avons quelques querelles je ne pense pas que cela soit dû au haut potentiel.
    Elles sont différentes mais il est probable que la deuxième soit elle-même concernée par le haut potentiel.
    Chacune s’affirme mais de la jalousie, non.

  4. Lt le 2 novembre 2020 à 23 h 48 min

    Bonjour,
    Ma soeur et moi avons 1 an d écart et enfant, parfois nous nous détestions. Des accès de jalousie ou de haine violentes pouvaient nous submerger lorsque nous étions seules.
    Je me souviens de lui avoir frappé la tête contre le mur et d’avoir eu envie de la tuer lorsque j’avais entre 5 et 10 ans. Poutant, hormis avec ma soeur, j’étais une petite fille introvertie, obéissante toujours calme et gentille avec tout le monde..
    Il a fallu que nous soyons jeunes adultes, pour en parler avec toute l’intelligence dont nous étions capables et nous rendre compte des jalousies et des incompréhensions effectivement sous-jacentes. De là n’est resté que la complicité et une belle capacité à dialoguer franchement et nous entraider par exemple lorsque nous avons été mères et avons rencontré des difficultés.
    Nos propres parents étaient très jeunes et maladroits et le haut potentiel non (re)connu dans notre milieu à cette époque (j’ai près de 50 ans). J’ignore si dans d’autres circonstances nous aurions connu ces accès de haine, s’ils sont fréquents ou pas, mais l’article d’A.A. ne me semble pas surréaliste.

  5. peinado le 3 novembre 2020 à 10 h 28 min

    Bonjour,
    Pour ma part, j’ai deux adolescents HP de 18 et 15 ans. Effectivement le plus grands a toujours été très jaloux et méchant vis à vis de ce petit frère qui venu lui envahir son espace. Aujourd’hui avec le passage des années ce sentiment s’est un peu apaisé, mais ressort de manière très violente chaque fois que mon plus jeune se met en travers de son chemin ou de ses projets. Pour moi l’analyse d’Ada se confirme parfaitement, malheureusement ….
    🙁

  6. Françoise le 3 novembre 2020 à 12 h 33 min

    Beaucoup de réactions je vois…En effet cela vaudrait le coup de tenter de comprendre le pourquoi. En y réfléchissant je me dis que mes enfants, ayant été scolarisés longtemps à domicile, ont peut-être été épargnés de diverses frustrations, comme l’exprime Bénédicte, pouvant mener à se défouler plus facilement sur ses proches et donc frères et soeurs ?

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