magali, le 15 février 2012 à 8 h 26 min
Bonjour, je suis à la fois maman et enseignante. Je souhaite apporter mon témoignage.
Je viens de rencontrer une psychologue spécialiste de la précocité dans le but d’obtenir des réponses pour venir en aide à ma fille de 7 ans. Lors de l’entretien, je lui ai rapporté plein de faits concernant mon enfant : petite fille connaissant ses couleurs à 20 mois, toutes ses lettres à 25 mois en regardant de temps en temps les “chiffres et les lettres” avec ses grand-parents… Et cette année, elle est scolarisée dans l’école où je suis enseignante. Presque gênée, ma collègue me dit le deuxième jour de classe : “j’ai déchiré la feuille du cahier de ta fille”. C’est vrai que l’écriture et le soin ne semblent pas être la priorité de ma fille. Au fil du temps, ma collègue me parle de son comportement : elle insiste sur le fait qu’elle soit agréable, mais dès qu’elle a fini, elle parle et fait des réflexions tout haut, sans se soucier des autres. Elle est la première à terminer son travail. Sa maîtresse m’a demandé plusieurs fois si elle ne s’ennuyait pas.
Nous, mon mari et moi-même passons notre temps à lui demander de s’appliquer davantage en vain.
Dans la cour, je l’observe et la voit s’isoler du groupe. Elle me dit qu’elle en a marre de jouer toujours aux mêmes jeux, mais nous lui demandons de faire des efforts. Le plus dur à gérer c’est sa grande émotivité quand la situation lui semble injuste.
Depuis, l’entretien avec la psy, je me montre plus à l’écoute. J’avoue qu’avant je ne supportais son attitude en classe, son comportement à table (mange vite), son attitude que je jugeais ne pas être en adéquation avec son âge (impatiente, prendre une voix de bébé, ne prend pas l’initative de se moucher…).
Avant de rencontrer la psy pour mon enfant et de me documenter sur la précocité, je trouvais que l’on annonçait rapidement qu’un enfant était précoce s’il posait des problèmes de comportement.
D’ailleurs, une psychomotricienne que j’avais rencontrée pour ma fille à la demande d’un prof de gym (elle n’avait alors que 3 ans), m’avait demandé si en tant qu’enseignante, je ne pensais pas que ma fillle était précoce. J’avais immédiatement répondu que c’était une petite fille stimulée, convaincue que c’était la précocité était la bonne excuse donnée aux parents.
Dans mon école, une petite fille (élève de CP) a été diagnostiquée précoce avec un QI remarquable de 145 et elle devrait terminer l’année scolaire dans ma classe. J’ai déjà 28 élèves, mais je suis ravie de l’accueillir ce que je n’aurais pas dit il y a quelques temps. Nous ne sommes pas informés en tant qu’enseignant des EIP : il faut que les choses évoluent. D’ailleurs, quand j’ai annoncé à la maîtresse de ma fille que j’allais consulter une psy, elle m’a d’emblée précisé qu’Alice n’avait pas la maturité pour sauter une classe et j’ai tout à fait d’accord avec elle. Bien sûr, depuis ma rencontre avec la psy mon opinion a radicalement changé sur le sujet.
J’ai maintenant hâte que ma fille passe le bilan psychométrique pour enfin savoir. Ce ne sera pas avant avril.
Mais, là, ce sont les vacances, je vais profiter pour partager des bons moments avec ma fille (sans sa petite soeur) sur les conseils de la psy. J’ai enfin accepté sa différence et essaie de la comprendre au lieu de toujours la reprendre. J’allais jusqu’à lui reprocher les livres qu’elle empruntait avec l’école ne les trouvant pas en adéquation avec son âge (l’histoire de France, Léonard de Vinci).
Mes propos sont peut-être un peu confus. Moi qui pensais être une bonne enseignante à l’écoute de mes élèves, je viens de recevoir une belle leçon et c’est ma fille qui me l’a donnée.
Magali