Haut potentiel : les risques d’une mauvaise information
Une information trop parcellaire ou biaisée sur le haut potentiel peut parfois mener à des interprétations réductrices et à des amalgames qui nuisent aux enfants. Des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent pour revenir à plus de rigueur sur le sujet.
Cet été, une tribune publiée par Charlotte Parzyjagla, psychologue spécialiste des enfants précoces, auteur du livre “Les enfants surdoués – 100 questions réponses“, a fait grand bruit dans le petit landerneau du haut potentiel. Ce texte résonne comme une mise en garde face aux risques liés à la surmédiatisation de ce sujet hautement sensible. Intitulé “Tous HP ? Folie d’un engouement et d’une désinformation“, il a le mérite de faire une analyse sévère, mais juste, des dangers qu’il peut y avoir à traiter ce thème de façon partielle ou non professionnelle.
Il est nécessaire de bien sérier l’information sur le haut potentiel intellectuel
Entre bonne information, informations générales ou subjectives, médias grand public et auteurs spécialisés, quel que soit le sujet, il est souvent de plus en plus difficile de s’y retrouver.
S’agissant de celui du haut potentiel, qui reste souvent controversé, voire tabou, il convient sans doute de revenir à une notion de base trop souvent noyée dans un flot de clichés : l’enfant surdoué présente, souvent très jeune, une grande faculté à s’approprier finement des notions et des concepts de façon décalée par rapport à ses pairs.
Ce décalage, qu’il soit vécu, ressenti par l’entourage, constaté par un iconnu, est dans tous les cas vérifiable et son intensité est mesurable, si nécessaire, par la passation d’un bilan pratiqué auprès d’un professionnel compétent.
Malheureusement, le développement d’une information pas toujours précise sur le sujet, la propagation de mythes et de généralités entraîne parfois des conséquences fâcheuses pour les enfants.
Lorsque ce sont des adolescents ou des enfants à qui les parents disent qu’ils sont surdoués, c’est déjà plus inquiétant. Surtout que, en général, ce pseudo-diagnostic intervient quand un enfant a des difficultés, pour justifier ces difficultés. Ils vont grandir avec des parents qui fantasment leurs capacités et attendent d’eux les réussites en conséquence. Cela équivaut, bon an mal an, à demander à un enfant avec une jambe dans le plâtre de réussir un cross. Imaginez-vous dans quel état d’impuissance peut se trouver un tel enfant. On ne vient pas en aide à un enfant en le surestimant, mais en le voyant tel qu’il est avec ses forces et ses faiblesses !
https://ecoledelaneurodiversite.org/2019/07/07/tous-hp-folie-dun-engouement-et-dune-desinformation-le-billet-dhumeur-de-charlotte-parzyjagla/
Quelles sont les raisons qui mènent à la passation d’un test de QI ?
Objectivement et de façon générale, les parents qui emmènent leurs enfants passer un test du QI chez un psychologue sont la plupart du temps motivés par de bonnes raisons :
- ils ont perçu chez leurs enfants une “différence” d’aptitudes intellectuelles par rapport à leurs camarades ;
- ils ont besoin d’en avoir le cœur net et de comprendre les raisons de ce décalage manifeste ;
- ils ont besoin d’un suivi scolaire adapté.
Le problème survient quand, du fait d’un traitement approximatif du sujet par certains médias, des parents qui s’interrogent sincèrement sur les difficultés de leur enfant se laissent tenter par des amalgames dangereux ou des sophismes :
- X % des enfants à haut potentiel sont en échec scolaire
- mon enfant est en échec scolaire et susceptible, par conséquent d’être surdoué, d’autant plus qu’il a des problèmes relationnels avec ses camarades !
À ce jour, lorsque j’ai un enseignant ou un directeur d’établissement en ligne au sujet d’un enfant que je suis, dans 90 % des cas, ils ont un ton incrédule ou agacé. La semaine dernière, une enseignante m’a dit « Écoutez, Madame, j’ai neuf enfants précoces dans ma classe, je ne peux pas m’adapter à chacun d’eux ». (Neuf, vous avez dit neuf ?)
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Pour un certain nombre de parents, il est alors plus confortable de se rassurer à bon compte en ne prenant pas le risque de passer les tests et de demeurer dans l’illusion (néfaste mais réconfortante) d’une inadaptation justifiée et excusée par un supposé haut potentiel.
Mais, dès lors que je pose la question à ces prétendus HP : « Avez-vous passé un bilan cognitif ? », j’ai une grande majorité de réponses étonnantes : « Non, les tests ce n’est pas très fiable », « C’est une kinésiologue (variantes : c’est le pédiatre, l’ostéopathe, le médecin de famille, etc.) qui a posé le diagnostic », « C’est l’avis de la maîtresse qui n’a jamais vu un enfant si vif »
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On ne le dira jamais assez : seul un bilan cognitif établi par un professionnel et accompagné d’un test de QI pourra confirmer le haut potentiel d’un individu, enfant ou adulte. Cela ne signifie pas qu’il faut en passer par là pour être surdoué, mais simplement qu’il ne peut y avoir de certitude absolue sans bilan. Certes, le test a un coût, certes, il nécessite de s’exposer, mais au-delà du résultat chiffré, il apporte également une meilleure connaissance de soi-même, de ses atouts et de ses faiblesses, bien utile pour aller de l’avant.
Haut potentiel ou non, pourquoi et comment bien répondre ?
De notre point de vue de parents d’enfants concernés, le haut potentiel intellectuel est une particularité qui mérite d’être comprise et accompagnée pour faciliter l’épanouissement de l’enfant. Elle influence fortement la personnalité des enfants et leurs relations aux autres. Elle est à ce titre une “donnée” comme une autre à prendre en compte dans leur développement psycho-affectif et scolaire.
Pour bien comprendre le sujet, il est utile de diffuser une information aussi complète et juste que possible, qui permette de traiter la question dans sa globalité sans généralisations abusives, ni extrapolations tirées de cas particulier. Chaque enfant, même dans une fratrie, se construit en effet dans un environnement spécifique et en subit les influences, ce qui contribue à constituer sa personnalité propre.
Des caractéristiques générales du haut-potentiel peuvent bien sûr être énoncées mais, pour le lecteur, il est nécessaire de les confronter à sa situation et à son vécu, de les mettre en perspective personnellement.
Je dis qu’il faut opérer une hiérarchisation de leur pertinence et une clarification conceptuelle des termes employés pour décrire les surdoués, au risque de se noyer dans la désinformation.
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Nous ne sommes sans doute pas encore au bout des évolutions du discours sur l’enfant à haut potentiel. Le nombre très limité d’études rigoureuses sur le sujet, l’engouement du grand public, des médias et du monde de l’édition, la quête de réponses des parents, souvent désemparés face aux difficultés éducatives ou scolaires sont propices à des débordements et des raccourcis que, pour notre part, nous essayons de combattre avec plus ou moins de bonheur, mais, en tout cas, avec un souci réel de favoriser une information la plus honnête possible.
Voilà pourquoi il faut lire la tribune de Charlotte Parzyjagla. Vous pouvez la commenter sur le site de L’école de la neurodiversité, mais nous pouvons aussi en parler ici-même à travers l’espace de commentaires.
Lisez le livre de Charlotte Parzyjagla, l’enfant surdoué, 100 questions/réponses
Les surdoués suscitent toujours autant de questions : soit ils sont encensés, jalousés pour leurs aptitudes, soit ils sont dénoncés à cause de leurs comportements excessifs, plaints pour leurs éventuelles difficultés. Qui sont-ils vraiment ? Cet ouvrage est dédié aux parents, médecins, enseignants, étudiants en psychologie, surdoués adultes. Il permet d’abord de saisir les enjeux autour de la question de l’intelligence et de décrypter un bilan cognitif. Il expose ensuite les grandes idées nécessairesà la compréhension du fonctionnement des enfants précoces : pensée divergente, hypersensibilité, besoin de sens, de justice, dyssynchronie, etc. Si la plupart des enfants surdoués vont bien, d’autres au contraire, traverseront certaines difficultés. L’ouvrage permet d’identifier les raisons de ces difficultés afin de les éviter et d’y remédier. Et enfin, il regorge de conseils pratiques, clairs et accessibles, pour nouer une relation bénéfique avec l’enfant, trouver le bon professionnel, faire les choix éducatifs et scolaires judicieux. Sans se départir des connaissances scientifiques actuelles, l’auteur offre une lecture phénoménologique de ses observations cliniques pour permettre au lecteur de saisir la dynamique qui régit le fonctionnement haut potentiel. Son pari, c’est de rendre compte de l’hétérogénéité des comportements de ces enfants tout en montrant leurs spécificités communes. Un débat s’ouvre sur le lien qui existe entre efficience intellectuelle et caractéristiques psychologiques.
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L'école et l'enfant précoce ne font pas toujours bon ménage. A travers les 32 pages de ce livret, découvrez pourquoi il est important de tenir compte des besoins particuliers de l'élève à haut potentiel et comment agir au quotidien pour son bien-être et son épanouissement.
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L’ABC de l’enfant surdoué présente 100 termes choisis pour aborder les différentes facettes de l’enfant à haut potentiel, de ses caractéristiques et des ses difficultés éventuelles.