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Le haut QI, une mesure complexe à traduire en mots.

Est-il aisé de se passer de test de QI en cas de suspicion de haut potentiel ? Le recours à cette mesure ne fait pas l'unanimité. Tentons de comprendre ce qui motive, ou oblige, les personnes concernées.

Votre enfant surdoué est-il complexe ou laminaire

Avant l’été, nous avons relayé un article publié par Philippe Mouillot portant sur des considérations étymologiques en évoquant le haut potentiel.

Il concluait en disant “l’essentiel n’est pas de détenir les clés d’une intelligence multiple, d’un potentiel prometteur ou d’un talent unique mais bien de savoir ce que l’on compte en faire une fois que l’on a pris conscience de notre place et de notre rôle dans ce monde”.

Nous sommes globalement d’accord avec cette phrase qui conclut que l’identification de l’individu à haut potentiel se nourrit d’une quête d’épanouissement personnel, pour tout un chacun. Nous pouvons toutefois nous poser la question suivante : les tenants et les aboutissants sont-ils les mêmes selon que l’on s’adresse aux enfants ou aux adultes ?

C’est le sujet de réflexion que nous vous proposons à travers quelques observations qui porteront sur l’utilité du test, la signification qu’on lui donne et l’importance qu’on y attache.

Utilité du test de QI

Aujourd’hui le test de QI est le seul outil fiable et incontestable qui s’impose dès lors que l’on constate des décalages cognitifs.

Pour les enfants en particulier, il devient presque obligatoire face à des besoins difficiles à cerner ou à combler et surtout face à la difficulté du système scolaire à accompagner les élèves qui sortent du cadre. C’est un outil de compréhension de certaines difficultés ou facilités.

Idéalement, nous souhaiterions tous n’avoir aucun besoin de cet outil et voir grandir nos enfants à leur rythme, sans avoir recours à une quelconque “mesure cognitive”. Nous constatons tous que si le fait d’avoir un enfant “éveillé” suscite des réflexions positives dans la toute petite enfance, jusqu’à 3 ans environ, les choses se compliquent bien vite dès l’entrée à l’école. C’est d’ailleurs très paradoxal dans la mesure où l’institution scolaire représente, par excellence, le milieu le plus favorable à l’acquisition d’apprentissages divers et variés.

L’expérience nous montre que, contre toute attente, il s’avère relativement compliqué d’accompagner (scolairement) l’enfant qui avance ou apprend vite. C’est cette prise en charge, qui devrait être naturelle, qui pose problème et qui constitue le moteur de l’identification du haut potentiel de l’enfant.

L’organisation par classes d’âge est le premier frein : elle limite les propositions d’activités et d’apprentissages, de même qu’elle rend complexes les passages de classes ou la différenciation en fonction de besoins particuliers. Les enseignants eux-mêmes, cantonnés à leur niveau de classe, ont de plus en plus de mal à proposer des aménagements ou du matériel pédagogique plus avancé. Dès lors, ils prennent un “risque” en proposant une accélération. Et ce risque doit être assuré, mesuré, d’où le recours de plus en plus fréquent au test de QI.

Par ailleurs l’enfant qui évolue dans un cadre déterminé n’a pas forcément les moyens de se révéler tel qu’il est, il se conforme à la demande scolaire. Le décalage s’exprimera plus facilement hors cadre, en extérieur, lorsqu’il est libre de choisir ses activités. Cette fois encore, le constat du décalage école/extérieur, s’il n’est pas entendable autrement que par une preuve, devra être attesté par un test de QI.

La problématique qui se révèle à travers le test pour l’enfant est celle de la possibilité d’exprimer son potentiel dans un cadre qui tout au long de son enfance lui sera imposé, très souvent limité par l’âge et normé. Je rajouterais que le temps scolaire (ou son modèle à travers les activités périscolaires) est de plus en plus chronophage et ne laisse plus assez de place à la pratique d’activités autres qui favorisent elles aussi l’expression de talents différents (sport, art…).

Pour l’adulte, qui n’est pas bridé par son âge, c’est un peu différent. Il s’agira plutôt, à travers le test de QI, de mettre en avant des capacités ou talents qui sont restés en sommeil, ou encore de reconstruire un parcours de vie incomplet avec une nouvelle grille de lecture.

La signification du test

Il mesure une certaine forme d’intelligence, multiple, exprimable de façon plus ou moins intense dans des domaines variés. Pour les enfants en particulier, le test affirme un décalage par apport à la norme quant aux capacités cognitives, avec des implications plus ou moins importantes sur le plan psycho-affectif.

Il permet aussi aux parents de pointer ces décalages, de comprendre pourquoi leur enfant ne s’adapte pas forcément au modèle scolaire et pourquoi il diffère sensiblement des enfants du groupe d’âge dans lequel il est censé évoluer.

Que l’on interpelle ces enfants avec les qualificatifs de “haut potentiel”, “surdoués”, “haut QI” n’a pas grande importance à ce stade. Le but est de comprendre et d’accompagner des décalages afin qu’ils soient bien vécus et puissent s’exprimer favorablement en fonction de la personnalité de chaque enfant.

Cela signifie aussi qu’il faudra chercher à comprendre ces enfants dans leur intensité.

Tout comme chez le jeune enfant on parle facilement d’enfant très éveillé, il faut admettre aussi que l’enfant et l’adulte à haut potentiel sont des personnes globalement “hyper réceptives”. Cette réceptivité accrue engendre des besoins, des questionnements et des réactions très intenses avec lesquels il sera plus facile de composer si leur origine est connue. Le test sert donc à mettre en lumière des écarts comportementaux et cognitifs afin de composer avec ceux-ci, de les expliquer et les encadrer en connaissance de cause.

Il a aussi vocation à rassurer tout le monde sur des façons d’être originales et sert à tempérer ou apporter de la mesure à certaines exigences qui peuvent sembler exagérées pour l’œil non averti. L’adulte conscient de son mode de fonctionnement pourra aussi faire un travail sur lui-même pour s’autoriser un peu de légèreté.

L’importance toute relative du test de QI (ou du haut potentiel)

Idéalement, cette étiquette ne devrait pas avoir besoin d’être mise en avant. Si elle l’est, encore une fois, elle n’est en en aucun cas portée comme un étendard, bien au contraire, la plupart des enfants et de leurs parents s’en passeraient. Or comme elle est l’expression (contemporaine) d’une forme de développement qui ne s’intègre pas naturellement dans notre système éducatif, et qu’elle est par ailleurs exigée pour permettre des adaptations, il devient difficile de s’en affranchir. Des modèles éducatifs plus ouverts, intégrant des décloisonnements basés sur les besoins et capacités, auraient l’avantage d’apporter une souplesse naturelle et bénéfique pour l’enfant. Encore faut-il bien comprendre l’intérêt du décloisonnement ou de toute autre adaptation proposée : il s’agit de mettre l’enfant devant ses limites afin qu’il soit réellement en mesure d’apprendre et de progresser. Or ce fameux “certificat d’aptitudes” exigé pour obtenir des adaptations est très souvent brandi comme “carton jaune” dès lors que l’enfant à haut potentiel manifeste une difficulté quelconque. Voilà le paradoxe ! C’est toute la difficulté à faire comprendre ce qui se cache derrière derrière les lettres H P I. Vous trouverez à ce sujet un article éloquent publié en 2016 sur le blog maman@home.

Il nous semble que personne ne cherche sans raison à connaître la hauteur de son QI. En effet c’est une mesure qui lorsqu’elle est établie met en lumière des capacités et fonctionnement “hors norme”. Pour l’enfant comme pour l’adulte le recours au test de QI dépend de l’environnement dans lequel chacun se construit. Soit l’environnement est globalement favorable à l’individu concerné, et de fait beaucoup de HPI s’ignorent, soit l’environnement devient tôt ou tard source d’insatisfaction (personnelle, sociale, scolaire, professionnelle…) et de questionnement quant à ses capacités à s’adapter à un groupe ou à un modèle. Dans ce cas, le Haut QI peut devenir une explication aux écarts ressentis et permettre à travers l’identification d’envisager son vécu et son avenir différemment, de réfléchir à réparer ce qui a mal fonctionné pour prendre une autre direction.


Vous avez franchi le cap du test ? Dites-nos quelles ont été vos motivations et ce que vous en avez retiré !

1 commentaire

  1. Cécile le 1 octobre 2022 à 8 h 06 min

    Bonjour,
    Je n’ai pas encore franchi le cap avec mon fils de 6ans. Mais son entrée en CP a été compliqué au niveau émotionnel. Il est en cours double CP-CE1 ce qui est intéressant au niveau du contenu mais ça le stress au niveau du bruit, des attentes, etc. Il se met beaucoup de pression. Je vais prendre rendez-vous avec une pédopsychiatre pour voir s’il aurait besoin d’un nouveau suivi psychothérapeutique et faire les tests une fois pour toute. Je l’ai inscrit à la musique. Il va apprendre un instrument et ça lui plaît bien. Il est plus musique que sportif!
    Un sujet complément différent mais là, il doit avoir sa première dent qui bouge. Ca le stress terriblement, sans doute car il ne peut pas contrôler ce qui va se passer.

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