Répondre aux besoins de l’enfant à haut potentiel grâce à l’identification
Le haut potentiel est sujet à de nombreuses idées reçues ou amalgames. Seule l'identification avec des outils validés par un professionnel permet de lever le doute et de mettre en œuvre les aménagements nécessaires.
Dans cette vidéo publiée sur RTC Télé Liège pour le magazine Vit@l, Ludivine Monseur, neuropsychologue, répond à diverses questions sur le haut potentiel, en y apportant la nuance professionnelle nécessaire pour ne pas sombrer dans l’exagération ni le fatalisme.
Elle vous confortera certainement ou vous rassurera face à l’utilité de l’identification. Il ne s’agit en aucun cas de faire porter une étiquette à des enfants mais de permettre la compréhension d’un mode de fonctionnement hors norme qui nécessite d’être pris en compte pour le bien-être des personnes concernées et leur entourage.
L’identification
Quand une démarche d’identification est mise en route, c’est qu’il y a un besoin derrière. Cette étape est importante et nécessite d’être effectuée avec un professionnel compétent capable de donner une analyse fine et contextuelle des tests en fonction d’une demande précise.
Ludivine Monseur, de son point de vue de neuropsychologue, explique clairement en quoi consiste la démarche professionnelle et en quoi le bilan sera un bon indicateur pour le suivi à venir des enfants :
- Un test de QI, en tant que praticiens, nous apporte une mine d’informations
- On ne se contente pas d’interpréter un score total : on peut avoir des indices très dispersés et un profil hétérogène
- On va regarder comment la personne aborde les différentes épreuves, comment elle gère au niveau de sa confiance, comment elle persévère face à la difficulté, quelle stratégie elle met en place…
- C’est vraiment pour nous un outil très performant pour comprendre le fonctionnement global de la personne et de cibler au maximum ses forces et ses faiblesses
- C’est important pour nous que la personne soit au courant de cela pour aller puiser dans ses véritables ressources
A cet égard, lorsque le besoin d’identification se fait sentir, il importe de s’assurer que le professionnel choisi se place dans cette démarche (et ne soit pas hostile à l’idée du haut potentiel, cela arrive malheureusement) et vous propose une restitution détaillée, orale et écrite, de ses constats.
Au cours de son interview, elle donne aussi des recommandations d’âge pour la passation des tests, idéalement 6-7 ans pour obtenir des résultats fiables.
Si ces recommandations s’avèrent pertinentes, je souhaiterais quand même ajouter que la situation propre de l’enfant est déterminante : les premières années d’école peuvent s’avérer douloureuses et faire apparaître de nombreux décalages chez l’enfant à haut potentiel. A défaut de compréhension, en particulier en cas de très haut potentiel, maintenir durablement une situation floue risque d’être plus néfaste que bénéfique pour les jeunes enfants. Beaucoup d’entre eux auront besoin d’une accélération dès la maternelle ! J’insiste en particulier sur l’aspect psychologique et la gestion des émotions qui s’ensuit : subir toute une journée un environnement qui ne correspond pas aux besoins d’un enfant et qu’il n’est affectivement et émotionnellement pas en mesure d’analyser peut influencer très négativement sa personnalité en construction. Je recommande en général aux parents de se fier à leur instinct et ne pas hésiter à consulter un professionnel compétent si l’hypothèse du haut potentiel semble s’imposer dans leur esprit.
Après l’identification
Le but de l’identification est de permettre de mettre en place des solutions afin de remédier aux difficultés ou de combler les écarts constatés.
Imaginons que l’ennui explique le comportement particulier d’un enfant. A ce moment là on peut proposer des pistes à l’enseignant, ou bien même aux parents, pour voir un peu comment nourrir mieux cet enfant : par exemple on va proposer un projet de temps gagné, apporter des défis supplémentaires, apporter de l’aide à un autre enfant dans la classe…
Ludivine Monseur, RTC Télé Liège
Lorsque le haut potentiel est établi, il ne faut pas négliger le fait que celui-ci a des répercussions dans toutes les sphères de la vie : vie scolaire bien sûr mais aussi dans la vie privée et familiale, dans le choix de ses activités, jeux, loisirs et orientations futures. Il faudra globalement raisonner en termes de besoins et non plus en termes d’âge.
L’enfant à haut potentiel est-il ingérable ?
Non, il a besoin de cadre et de limites comme tout autre enfant : dans ce cas encore la prise en compte de sa particularité s’impose. En effet l’enfant à haut potentiel, très perspicace, ressent des contradictions entre les dires et les actes et aura tendance à vous pousser dans vos retranchements pour vérifier la cohérence de vos propos. Scolairement aussi, il pourra être enclin à corriger les enseignants. S’il est bien accompagné, se sent compris et apprend à interagir avec les autres en fonction de sa propre “sensibilité” et malgré les écarts, il n’a aucune raison de devenir ingérable.
Bien d’autres questions telles que le haut potentiel émotionnel (HPE), l’hypersensibilité, le TSA, le TDAH etc… sont évoquées. Ludivine Monseur insiste pour toutes ces problématiques sur l’importance de consulter pour obtenir des bilans détaillés et approfondis. Ces questions sont complexes, confondues les unes avec les autres parfois, et nécessitent le point de vue extérieur d’un professionnel qui travaille avec des outils validés.
Je tenais à faire partager cette vision qui, bien qu’émanant d’une professionnelle, me semble juste et équilibrée. Elle lui rend sa juste place, inscrit la personnalité de l’enfant dans un contexte global dont le haut potentiel peut expliquer certains facteurs, pas forcément tous non plus.
Nous, parents, sommes actuellement culpabilisés de vouloir “identifier” un enfant à haut potentiel car, paradoxalement, l’information plus présente sur le sujet nous inciterait à céder à un effet de mode. Je pense qu’il ne faut pas s’arrêter à ces considérations et qu’elles ne sont pas le moteur des parents qui s’interrogent face à un enfant “différent” et potentiellement en souffrance. Je vous encourage à vous faire aider par un professionnel compétent lorsque le doute s’installe et à ne pas laisser perdurer des situations inconfortables pour les enfants par crainte d’un jugement négatif.
Il faut répondre à ces questionnements pour pouvoir aider la personne à se développer au mieux au final et à puiser dans ses ressources.
Ludivine Monseur, Vit@l, RTC Télé Liège
C’est une jolie conclusion que nous partageons. Racontez-nous comment l’identification de vos proches vous a aidés à améliorer vos vies quotidiennes !
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