Témoignages : retour instructif sur l’itinéraire de quelques lycéens à haut potentiel

La scolarité de l’enfant à haut potentiel nécessite quoi qu’il arrive des adaptations et “des sentiers vastes et divers et pouvoir passer d’un sentier à l’autre” selon les termes de Jean-Charles Terrassier, psychologue içois précurseur de la reconnaissance des enfants précoces.. Au terme de parcours beaucoup moins linéaires que le haut potentiel ne pourrait le suggérer, ces jeunes adultes racontent leur cheminement sur la voie du bonheur.

Parmi les points communs évoqués, nous relevons souvent un parcours atypique et un besoin de reconnaissance de leur façon d’être singulière ayant nécessité le passage par une scolarité adaptée et réparatrice.

Laura Giraud : la découverte d’une passion ou centre d’intérêt qui devient son moteur

« Je faisais bien mais sans plus, pas d’éclat particulier mais après le master I j’ai découvert les sciences politiques et la construction de la société. Là, j’ai été prise de passion et j’ai vraiment commencé à travailler à cette époque-là.

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Beaucoup d’enfants à haut potentiel ont du mal à s’investir dans les apprentissages lorsqu’ils n’en perçoivent pas le sens. Leur motivation n’est pas la performance au sens strict, mais le besoin, précoce, de se réaliser individuellement ou de s’investir dans un projet.

Ils pourraient passer inaperçus pour un œil non averti et ont besoin de plus de sollicitation pour donner le meilleur d’eux-mêmes.

“On confond intelligence et brillance. Si l’enfant ne brille pas c’est qu’il n’est pas aussi intelligent que ça. Or c’est exactement comme un diamant brut repéré par un œil expert qui le fera tailler.”

Françoise Astolfi, docteur en psychologie

Olivier Rippoll : un tempérament tumultueux lié au besoin de stimulation permanente

Il évoque dans son témoignage l’ennui et le besoin d’échanger avec des personnes ayant une écoute active.

Au-delà du simple ennui qui est déjà insupportable pour de nombreux enfants surdoués, il y a en effet la question de l’échange et du partage qui peut devenir problématique et les amener à vivre seuls au milieu des autres. La socialisation est ardue lorsqu’on se trouve en décalage permanent, c’est pourquoi les regroupements d’enfants à haut potentiel ou passages par des classes spécifiques leur donnent un nouveau souffle, des occasions d’être compris, entendus, de retrouver une forme de communication naturelle et spontanée.

J’ignore si c’est moi qui m’isolait ou les autres qui me tenaient à l’écart. Ce que je sais c’est que j’étais fatigué d’être incompris et de ne pas me sentir à ma place

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Antonin Chiberches, bachelier à 15 ans, une avance assumée mais…

Lorsque le décalage est constaté tôt, la solution peut être d’accélérer les parcours comme pour Antonin, en fin de seconde à 12 ans. Cependant, même si tout va bien sur le plan scolaire, les décalages sont là et le besoin de se retrouver dans un groupe reste présent. Le jeune homme a comblé ce manque par la fréquentation d’un établissement spécialisé et par la pratique de son sport favori, le hockey sur glace, qui occulte toutes les différences.

En plus, j’ai toujours eu une grande carrure, et, comme on ne voyait pas de différence physique, mon âge ne posait pas de problème. Quand je suis sur la glace, tout mon potentiel peut être exploité. Je joue AVEC les autres. C’est un sport d’équipe. Je me suis toujours senti diffèrent des autres, mais pas là.

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Judith Chachoua et Salomé Fontaine-Garcia: leur mental mis à rude épreuve

Les deux jeunes femmes témoignent toutes deux de la pression psychologique subie du fait de ne pas correspondre à la norme ou aux attentes de leur environnement. Leur propre sensibilité, différente et très intense, ne leur a certainement pas facilité les choses.

Mais je n’aime pas le mot de surdoué. Il est réducteur et trop facile. On a parlé d’intelligence émotionnelle. C’est un peu mieux. J’ai été testée par ADN, hypersensible. Je comprends mieux pourquoi, après le cocon innovateur de Michelet, j’ai pris une grande claque dans la tête.”

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Angoisses, harcèlement, phobie scolaire ont longtemps été le lot de Salomé Fontaine-Garcia qui n’a été identifiée comme enfant à haut potentiel qu’après ces évènements malheureux.

Ma sensibilité aigue me rend toujours insupportable l’injustice mais là, j’ai été prise en grippe par la direction, par certains profs et des élèves.

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À la lecture de tous ces témoignages instructifs, une constante s’impose : celle du besoin de reconnaissance d’un mode de fonctionnement, cognitif et psycho-affectif différent.

Les enfants à haut potentiel pourraient se définir par des personnalités intenses, profondes, entières. Ils ne se contentent pas de survoler les choses, ils ont besoin de les comprendre et d’aller au bout de leurs capacités pour s’épanouir. Sur le plan psychologique ils sont rarement détachés ou insouciants du fait de leurs fortes capacités à percevoir les différentes ondes renvoyées par leur entourage. Ce sont des enfants qui n’ont pas la légèreté de la majorité des enfants. On les perçoit souvent comme de “petits adultes”.

Leurs préoccupations se rapprochent de celles des adultes qui, ayant à l’esprit ce mode de fonctionnement, parviendront à mieux les comprendre pour à la fois :

• prendre en compte leurs besoins, leurs points de vue et leur sensibilité
• leur permettre d’alléger “leur fardeau” en faisant le maximum pour les rassurer et si possible leur redonner une place d’enfants en veillant, tout en répondant à leur questionnement, à rendre leur quotidien plus apaisé.

Mais tout dépend de la façon dont ils arrivent au bac. En général ils vivent mieux après cet examen car on les prend enfin pour des adultes.

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Ces jeunes adultes ont tous trouvé leur voie même si le chemin a été sinueux. Nous espérons que ces témoignages rassureront les parents et les enfants dont le parcours est compliqué.

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